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J'avais reçu un appel téléphonique de Nicolas Domenach qui souhaitait recevoir quelques informations sur la violence au Japon.
Par exemple à la question " y a t-il de la délinquance au Japon? " je réponds par l'affirmative, sinon comment expliquer la police, la prison, les contrôles souvent assez tatillons sur les individus.
Oui au Japon il y a des assassinats et des vols mais la violence à laquelle je pensais est celle de la grande délinquance, laquelle joue en quelque sorte un élément de contrôle sur la petite et moyenne délinquance. La grande délinquance c'est celle des groupes violents des Yakuza qui malgré une loi datant de plus de 20 ans, sont toujours présents et actifs mais moins visibles. La grande délinquance contrôle les quartiers chauds où les citoyens ordinaires vont se détendre le soir. Les commerces sont possédés ou contrôlées par l'un ou l’autre des trois grands groupes mafieux du Japon. Ils ont donc intérêt à ce que le citoyen ordinaire qui est alors « un client » soit le plus décontracté possible pour venir dépenser son argent.
Certains font le parallèle avec Marseille, dit-on, où jadis la grand délinquance, celle des familles mafieuses, contrôlait la ville et où les gens ordinaires n’étaient pas inquiétés. Je ne me prononcerai pas sur cette période prétendument idyllique où la sécurité était assurée aussi par la mafia dans la cité phocéenne.
La violence reste la violence, se situe hors la loi, et de ce point de vue doit être combattue et la police joue son rôle.
Mais au Japon, il y a une grande tradition, où les « gangsters du temps jadis » à l’époque d’Edo, contrôlaient les quartiers de plaisir dont le plus célèbre à Edo (Tôkyô aujourd’hui) était Yoshiwara à Asakusa. Dans ces quartiers où il y avait des femmes, de l’alcool, de la musique, de la danse, du théâtre…il y avait peu de violence qui frappaient les individus ordinaires … pour peu qu’ils aient les moyens de payer les services tarifés.
Il y a sans doute une continuité entre cette grande délinquance du temps jadis et celle actuelle.
Tout cela pour dire quoi ? Que la société japonaise ordinaire, quotidienne est paisible : il n’y presque pas de vols à l’arraché, beaucoup moins d’assassinat, les quartiers de détente où la soupape sociale peut se libérer un peu est contrôlée par les yakuzas qui sont aussi et de plus en plus des hommes d’affaires, qui se plaignent souvent de la violence des yakuzas chinois qui prennent pied au Japon et introduisent d’une manière significative « de la drogue et des filles ».
Mais, encore une fois, la vie ordinaire japonaise est paisible à n’importe quelle heure de la journée et presque de la nuit. Un séjour d’une semaine au Japon permet à quiconque de s’en convaincre.
Ai-je été pris une fois, dans une manifestation violente ? Oui une fois mais c’était il y a trente ans environ à l’époque des fameux groupes de bôsôzoku qui, en moto, pouvaient investir une place avec chaînes, nunchaku et couteaux, semaient la peur durant de longues minutes. Dans ces cas là, l’instinct de survie commande de se faire le plus transparent possible. Cela m’est arrivé une fois, et par hasard, à Takadanobaba : mauvais endroit, mauvais moment. Les bruits des motos customisées à l’échappement libre et des hordes de jeunes menaçants font de toute personne une cible idéale. Puis sur l’ordre du chef, ils partent aussi vite qu’ils sont venus.
Mais on ne peut pas dire sur la base d’un seul exemple, assez ancien déjà, que la rue japonaise est inquiétante.
Pour expliquer la paix dans les grandes concentrations urbaines comme la mégalopole de Tôkyô et de ses satellites (plus de 40 millions d’habitants), il faudrait aborder la question du respect de l’espace public qui commence dès l’école primaire quand les enfants d’une classe font tous les soirs le ménage eux-mêmes (balayage de la salle, nettoyage des toilettes, lavabos, tableau …). Le respect de l’espace commun commence là (pas de papiers, de mégots de cigarette, de déjections animales, de chewing-gum collés au sol, de mobiliers urbains vandalisés ou tagués). L’espace public est un bien commun, pas un repoussoir, pas une jungle. Le métro de Tôkyô est sûr et propre.
Pourtant la violence existe au Japon. Celle que je connais bien se joue dans les écoles et les collèges. Ce sont les fameux phénomènes d’Ijime, de souffre-douleurs, qui explosent durant la seconde année de collège (14 ans). Ce sont des Japonais qui font souffrir d’autres enfants japonais, qui les battent, leurs font subir diverses sévices, les rackettent souvent. La vie est un enfer pour celui qui en est victime. Cette violence, qui est un phénomène social de premier plan met bien en relief les frustrations des jeunes Japonais . Pas besoin d’aller en chercher la cause chez des immigrés mal intégrés qui menaceraient et défieraient l’ensemble de l’édifice social. Les causes de cette violence sont peut-être à chercher ailleurs chez une jeunesse totalement japonaise, qui comprend au moment de la puberté, de l’adolescence et de l’orientation scolaire, que les enjeux sociaux sont déjà joués… ou presque, et qu’il est vain de penser à une seconde chance.
La puberté et le système scolaire orienté vers le classement et la compétition sont un mélange explosif qui n’est pas lié à l’immigration.
Il faudrait toujours pouvoir être son propre porte-parole et dire, par exemple, que la France avec son immigration et toutes ses couleurs est belle et ; à terme , qu’elle sera gagnante.
Il y a des problèmes certes, comment le nier ? Mais on ne peut appliquer à une France continentale bordée par six autres pays la pratique supposée d’un pays insulaire à 300 kilomètres de la Corée et 1500 de la Chine.
La construction « d’une grande muraille de camenbert » en France aurait peu d’effet : celle de pierre n’a pas empêché les Mongols de s’installer en Chine.
Il faut intégrer et non bouter hors du pays des personnes dont les descendants au terme de deux ou trois générations défendent avec ardeur ce pays devenu le leur. Ce ne sont pas Messieurs Sarkozy ou Valls qui diront le contraire.
Les Japonais d’ailleurs vont devoir faire appel à des travailleurs immigrés pour faire face, entre autre, à la reconstruction du Tôhoku (région du nord-est dévastée par le tsunami du 11 mars 2011), la préparation de la coupe du monde de Rugby, celle des jeux olympiques et la réinstallation d’entreprises japonaises qui avaient été délocalisées à l’époque de la bulle économique des années 80. Bien sûr les Japonais espèrent mettre en place « une immigration contrôlée » avec des contrats de trois ans.
On verra, à l’usage, si le plan fonctionne bien…
Jean-François Sabouret
Le débat: http://www.itele.fr/magazines/ca-se-dispute-zemmour-domenach/le-japon-terre-dharmonie-ou-de-violence-16-82747
Un article sur le site d'Arrêt sur images:
http://www.arretsurimages.net/breves/2014-05-20/Japon-delinquance-les-editorialistes-et-la-correspondante-id17455
Il porte un nom d'emprunt, cache presque son visage, mais ses dessins, eux, sont très visibles et remarqués: Kazuto Tatsuta est l'auteur de "ichi-efu", un manga sur la centrale accidentée de Fukushima où il a passé six mois.
"Je voudrais juste laisser un témoignage", dit modestement ce mangaka, tout en ne lâchant pas le fin pinceau avec lequel il passe en couleur une de ses planches, dessinée sur du "washi", le papier japonais.
"Après l'université, j'ai fait des tas de boulots, dont dessinateur", raconte-t-il dans son petit atelier/appartement, en banlieue de Tokyo.
"Le travail de mangaka ne me nourrissait pas, donc je faisais d'autres choses à côté. Finalement, juste avant le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, je ne dessinais quasiment plus, j'étais devenu un banal employé".
"Après l'accident de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, j'ai eu envie d'agir. J'ai quitté ma société, je me suis adressé à l'agence publique de recherche d'emploi, et j'ai été engagé pour travailler à +ichi-efu+" (le surnom du complexe atomique, que l'on prononce "Itchi F" en japonais).
"Je n'y suis pas allé dans le but d'en faire un manga, mais comme il y avait sur place de la matière intéressante, je me suis dis, pourquoi pas, ça vaut le coup de laisser une trace de ce qu'il s'est passé à l'intérieur. J'ai pensé que cela pouvait avoir une valeur. Pour autant, je ne le fais pas non plus avec l'état d'esprit que pourrait avoir un journaliste. En fait, je veux surtout raconter qui et comment sont les gars à l'intérieur".
"Je ne suis pas satisfait des informations dans la presse, qui sont trop souvent subjectives", s'excuse-t-il presque.
"Comme je le montre dans le manga, les travailleurs de Fukushima sont des gens tout à fait normaux et ordinaires, qui rient beaucoup et blaguent sans arrêt. Ce n'est pas l'enfer permanent, même si le travail est dur. Et les travaux à l'intérieur avancent, contrairement à ce qu'on peut lire ici et là".
"J'ai passé six mois en 2012 à ichi-efu et n'ai commencé à dessiner qu'ensuite".
Contrairement à de nombreux mangaka, Tatsuta travaille seul, sans assistant, et tout à la main: l'esquisse au crayon à papier puis l'encrage au pinceau. "Je n'utilise pas du tout de plume ni d'ordinateur", assure-t-il.
"Je dessine sur la base de mes souvenirs, de ce que j'ai vu. J'utilise aussi des photos officielles que la compagnie Tepco fournit à la presse. J'en prends parfois quelques unes dans les salles de repos par exemple".
Le premier épisode, de 37 pages, a été honoré d'un prix de nouvel auteur par Morning, un illustre hebdomadaire de mangas de la maison d'édition Kodansha, qui a vite décidé de ne pas en rester là.
"Ichi-efu" est désormais publié en feuilleton de 24 pages à un rythme à peu près mensuel. Le premier recueil compilant les premiers épisodes sortira fin avril au Japon. "Je suis heureux, c'est assez fou", sourit Tatsuta.
"Ce premier tome n'est pas encore disponible, mais les commandes affluent des librairies, à un rythme dix fois plus élevé que d'habitude pour un premier manga d'un auteur peu connu", explique Kenichiro Shinohara, de la rédaction de Morning.
Et de préciser: "parce que le sujet est Fukushima, le public dépasse celui des traditionnels lecteurs de mangas. C'est un document qui s'appuie sur une expérience rare qui n'est pas accessible à tout un chacun".
Même l'ex-Premier ministre de droite Junichiro Koizumi, devenu un virulent antinucléaire depuis l'accident de Fukushima, est un lecteur assidu de "ichi-efu", selon M. Shinohara.
Tatsuta dit avoir accumulé de quoi aller jusqu'au deuxième tome. Mais pour pouvoir poursuivre plus loin la série, il n'y a qu'une solution: retourner travailler à la centrale. "Je le veux", confie-t-il.
"Je ne pense pas que les responsables de Tepco m'aient identifié, j'ai travaillé sous mon vrai nom, mais s'ils veulent vraiment savoir qui est Tatsuta l'auteur de +ichi-efu+, ils n'auront peut-être pas tant de mal à trouver".
"Les gars qui étaient à +ichi-efu+ avec moi en 2012, eux ont deviné", même si je n'ai jamais rien esquissé devant eux.
"Jusqu'à ce que je publie, même mes parents ne savaient pas que j'étais allé à la centrale de Fukushima, ils auraient eu trop peur".
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« La voiture autonome est surtout pensée comme un soutien au conducteur », explique le chercheur en chef de ce projet chez Nissan, Hideaki Inoue, un vétéran du secteur
« Nous avons développé cette voiture ces trois dernières années, mais cela fait 30 ans que nous menons des recherches sur les véhicules autonomes, autant dire pour moi depuis toujours », raconte ce spécialiste qui se montre somme toute plutôt modeste dans ses ambitions puisque son but n'est, dit-il, pas de rendre la voiture totalement autonome.
La suite sur Clubic.com : Live Japon : La voiture autonome http://www.clubic.com/humour-informatique-geek/live-japon/actualite-590266-live-japon-voiture-autonome.html#ixzz2grO8KPX8
Informatique et high tech
Lire aussi l'article d'analyse écrit pour l'Agence France-Presse le 13 septembre 2013: http://tokyo.viabloga.com/news/pourquoi-au-japon-on-ne-rit-pas-des-effets-de-fukushima
"A mort ! C'est de la merde !", "c'est de la discrimination, du graffiti du plus bas niveau humain qu'il soit", "la France, un pays détestable de dernier rang", "si c'est le mode d'expression habituel en France, c'est déplorable": les phrases haineuses ont fusé sur internet lorsque des Nippons ont découvert dans leurs journaux deux caricatures publiées cette semaine dans Le Canard Enchaîné.
"Les Japonais ne comprennent pas la liberté d'expression. Ici, les propos injurieux sont possibles, pas la satire à l'occidentale", tranche un Japonais francophile, Ken Itagaki de Nagasaki.
"Encore les médias français!", a pour sa part titré le journal populaire de centre gauche Mainichi Shimbun au-dessus des deux caricatures incriminées, faisant référence à un incident du même acabit survenu il y a un an lorsque l'animateur de télévision Laurent Ruquier avait parlé de "l'effet Fukushima" en montrant un photo-montage du gardien de but de l'équipe japonaise de football, Eiji Kawashima, avec quatre bras.
Cette fois, le dessin qui a le plus indigné est signé Cabu. Accompagnant un article très factuel sur les problèmes d'eau radioactive à la centrale ravagée, il montre deux lutteurs émaciés coiffés d'un chignon, dont un avec trois jambes et l'autre trois bras, et un commentateur sportif disant: "Marvellous, grâce à Fukushima, le sumo est devenu discipline olympique".
"Ce genre de caricatures blesse les sinistrés de la catastrophe du 11 mars 2011 et véhicule des informations fausses sur le problème de l'eau radioactive à la centrale Fukushima Daiichi. C'est extrêmement regrettable", a réagi le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d'un point de presse, avant d'ordonner à l'Ambassade du Japon à Paris protester officiellement auprès du Canard.
"Au Japon, cette image est prise pour de la discrimination à l'égard des personnes qui ont subi les radiations et qui sont sur le dessin présentées comme étant différentes des autres, avec trois bras ou trois jambes", explique un dessinateur nippon de manga. "Or, il faut savoir que des gens de Fukushima subissent déjà une forme de ségrégation au Japon."
"Si, au lieu de sumotori déformés, il s'était agi d'un dessin caricaturant le Premier ministre ou le porte-parole du gouvernement, cela n'aurait posé aucun problème", ajoute-t-il.
Qui plus est, le sujet des effets de la radioactité est d'autant plus sensible qu'il touche aussi les victimes des bombes atomiques américaines larguées sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945.
Sans compter que "la plupart des Japonais ignorent quel type de publication est Le Canard Enchaîné", souligne Kazuya Onaka, professeur des études françaises et européennes à l'Université Hosei.
"Il n'y a pas dans le paysage médiatique japonais ce type de journal qui accorde une place aussi importante à la caricature", justifie-t-il.
"Le problème, c'est que les journaux nippons n'ont pas traduit l'article et se sont contentés de publier le dessin sans les éléments de contexte indispensables à sa compréhension, tandis que le gouvernement essaie d'effacer tout ce qui est négatif au sujet de Fukushima ou des JO. Du coup, il a surréagi."
L'hedomadaire français, lui, "assume ces dessins sans le moindre état d'âme", selon une déclaration à l'AFP de Louis-Marie Horeau, son rédacteur en chef.
"En France, on peut traiter une tragédie par l'humour, apparemment, ce n'est pas le cas au Japon", a-t-il déploré.
Et de renvoyer la responsabilité aux autorités nippones: "s'il y a matière à s'indigner, c'est de la manière dont a été gérée la crise par le gouvernement japonais".
"La France et le Japon doivent comprendre mutuellement le fossé culturel qui les sépare", conclu un anonyme sur son blog.
Voir aussi à ce sujet le manga de J.P. NISHI: http://tokyo.viabloga.com/news/l-affaire-des-dessins-de-fukushima-par-cabu-dans-le-canard-enchaine
Ce jour-là, le pire vécu par les Japonais depuis la Deuxième guerre mondiale, cette artiste française était en France: mais elle ne put s'empêcher de revenir dans sa deuxième patrie meurtrie où elle a longtemps vécu.
"C'était une sorte de nécessité d'être là-bas et d'agir. Je savais que je voulais faire quelque chose, je ne savais pas comment. J'ai pris ma caméra, j'ai loué une voiture et longé la côte, de Morioka à Rikuzentakata", raconte-t-elle à l'AFP.
De ce périple, émaillé de rencontres avec des habitants de la région saccagée, des artistes, des personnalités politiques, des écrivains, des journalistes, elle a tiré une vingtaine d'entretiens exclusifs, matière première d'un web-documentaire réalisé avec Jérôme Sullerot, et d'un film de plus d'une heure et demie, intitulés "Au-delà du nuage". (http://www.yonaoshi311.com/#/FR/home).
"Le web-documentaire donne la liberté à celui qui le regarde de découvrir un univers de façon libre et interactive. Pour l'auteur, c'est un moyen de faire un travail de fond, beaucoup plus que dans le film, certes poignant, mais où il y a moins d'espaces d'expression", explique l'auteur.
Malgré l'absence de couleurs dans un paysage rasé par la déferlante qui s'est abattue sur plus de 500 kilomètres de littoral, le résultat est nuancé.
"Je n'ai pas voulu faire un film tout noir ou tout blanc, car la situation est extrêmement complexe: on ne sait pas où est la vérité, où est le mensonge", insiste-t-elle.
Cette difficulté à apprécier le danger de la radioactivité, de la nature, est tout entière contenue dans le témoignage émouvant de Risa Yamada, une lycéenne de 17 ans, qui vit à Minami-Soma, à une vingtaine de kilomètres du complexe atomique Fukushima Daiichi.
"Les gens parlent de la peur, de l'impossibilité de vivre ici. Ils disent que ce n'est pas un endroit à habiter, on entend cela partout. Mais on est bien vivant. C'est une réalité et cela ne va pas changer. On ne sait pas quels seront ensuite les dommages pour la santé, mais aujourd'hui on veut juste que les gens n'oublient pas que l'on vit ici", dit-elle, toujours souriante.
"Oui, c'est choquant de voir des Japonaises dire qu'elles ne sont pas contre l'énergie nucléaire alors que leurs champs ne sont pas cultivables", confirme Keiko Courdy, "mais j'ai voulu livrer bruts ces témoignages".
"Les Japonais sont des gens que l'on ne comprend pas d'emblée, on a l'impression qu'ils ne se rendent pas compte, mais c'est la réalité, c'est leur façon de penser et de vivre et c'est ainsi que j'ai souhaité la montrer parce qu'on ne peut pas la nier".
"Aujourd'hui, la réalité nous dit qu'il faut arrêter les centrales nucléaires, mais la question est de savoir comment faire. Chacun, personnellement, doit y réfléchir", dit Jiro Taniguchi "déprimé par son impuissance" et l'inutilité ressentie de son métier de dessinateurs de manga.
"Beaucoup de gens réfléchissent, sont actifs, réagissent, même s'ils ne sont pas dans les manifestations", souligne Keiko Kourdy qui a aussi suivi dans les cortèges à Tokyo des militants antinucléaires de longue date, tel le journaliste Satoshi Kamata.
"Les centrales nucléaires sont dangereuses, j'aurais dû crier plus fort, être plus actif, je m'en veux", répète-t-il.
"Le 11 mars a été le déclencheur principal qui m'a fait envisager le dénucléarisation, quand on m'a présenté le scénario du pire, avec l'évacuation générale jusqu'à la région de Tokyo", confie encore Naoto Kan, ex-Premier ministre en fonction au moment du drame.
Au-delà de l'accident nucléaire, "n'oublions pas les victimes du tsunami", insiste aussi Keiko Courdy.
"Plus une seule personne ne veut vivre ici", avoue devant les ruines de sa maison d'enfance le photographe Naoya Hatakeyama, originaire de la côte de Rikuzentakata, rasée, une autre réalité difficile à appréhender.
"J'aurais voulu avoir une bonne idée pour mieux montrer l'ampleur de la dévastation", s'excuse presque Keiko Courdy.
]]>Une Nippone en extase vocale devant les cerisiers en fleurs, un préposé des chemins de fer déclamant le nom des gares, une vendeuse de "rêves" qui harangue les passants: les sons singuliers du Japon n'ont pas échappé au compositeur fétiche de feu Maurice Béjart, Hugues Le Bars, qui les a "musiqués" pour la postérité alors que lui-même lutte pour la vie.
Les quadragénaires français se souviennent du générique de l'émission "La grande famille" (Canal +) avec une voix d'enfant "poum chack", les plus jeunes ont en tête les musiques du dessin animé Oggy et les cafards.
D'autres se rappellent encore des mélodies de publicité et paroles orchestrées de Sonia Rykiel, André Malraux ou Eugène Ionesco, voire les bandes originales des films "Les Côtelettes" de Bertrand Blier, "Saint-Jacques… La Mecque" de Coline Serreau ou "Les Confessions d'un barjo" de Jérôme Boivin.
Toutes ces compositions sont du même auteur, dont on a souvent entendu les créations sans même connaître son nom: Hugues Le Bars.
En 2000, cet éclectique héritier de Pierre Henry se rend au Japon, un pays que lui avait souvent vanté Maurice Béjart et dont les habitants le lui rendaient bien.
Hommes de son, Le Bars a d'emblée été saisi par l'ambiance particulière japonaise: "parce que les paysages, les couleurs, les bruits, les annonces, les timbres de voix sont différents".
"Je ne comprends rien, mais cela m'évoque tellement de choses, tellement de sensations nouvelles, de possibilités, c'est le rythme, tu entends, c'est ça qui compte", disait alors ce poète quinquagénaire avec une fraîcheur quasi enfantine.
Il enregistra tout et partout. Ce qu'il en ferait, il n'en savait alors rien. Mais quelque temps plus tard, une partie de ces sons "deviennent" musique, et cela donne quelque chose de troublant, d'émouvant pour qui a un jour séjourné dans l'archipel ou y vit.
Un titre est sorti, "Massay Massey": ça ne veut rien dire en japonais, mais c'est ainsi que Le Bars l'a entendu. C'est juste une vendeuse de tickets de loto nippon, le "takarakuji", enregistrée à Yurakucho, au coeur de Tokyo, qui prétend offrir au chaland "un passeport pour le rêve".
D'autres voix et bruits sont aussi devenus notes et chansons (sur un rare cerisier qui fleurit de trois couleurs en même temps, sur les stations le long de la plus célèbre ligne de train de Tokyo, la Yamanote), mais tout cela attend depuis des années car, car entre-temps, la maladie s'en est mêlée: un cancer pulmonaire, puis une encéphalite qui le cloue dans une maison de repos à quelques kilomètres de son domicile... et de son studio, en banlieue parisienne.
Très diminué, il ne peut plus composer et encore moins sortir pour promouvoir sa musique. Alors c'est sa femme Marie qui se bat pour que ses créations sonores inédites soient éditées et ne soient pas perdues.
Quand on est enseignante, négocier avec des maisons de disques, des distributeurs, bref, avec le show-biz, n'est pas une mince affaire. Mais pourtant elle s'accroche mordicus et c'est en très bonne voie.
"Je souhaite que tous ceux qui aiment la musique d'Hugues, qui l'ont connu en pleine forme, qui l'ont parfois sollicité, ne l'oublient pas aujourd'hui, au moment où il a le plus besoin d'aide, le plus besoin d'eux".
"Ettoo (titre de l'album qui devrait sortir dans quelques semaines) a bien sûr beaucoup de rapport avec le Japon, mais pas seulement... Il y a dedans Hugues et ses questionnements, angoisses et fous rires", confie encore à l'AFP Marie Le Bars.
Et de poursuivre: "c'est comme s'il avait tout mis dans ses dernières musiques, avant de fermer son esprit".
Si les musiques de Le Bars pour des chorégraphies de Béjart ont marqué les spectateurs par leur côté toujours novateur, déjanté parfois, surprenant le plus souvent, celles venues du Japon et dont l'écoute y renvoie instantanément, auront un impact saisissant sur tous les japonisants, voyageurs et amoureux du pays du Soleil-levant.
]]>"Mon père n'était plus là. C'est donc moi qui ai dû aider ma mère à accoucher de mes deux derniers frère et soeur jumeaux", se souvient Marcelle lors d'une rencontre près de Poindimié, dans la Province Nord de ce territoire français du Pacifique.
Son père était originaire d'Okinawa. Il avait débarqué en 1910 en Nouvelle-Calédonie avec plus de 500 compatriotes, de la même région méridionale nippone mais aussi d'autres provinces, après avoir parcouru 8.000 kilomètres en bateau.
L'arrivée de Japonais correspondait à une nouvelle campagne de recrutement de travailleurs nippons après celles de 1892 et 1900.
"Quand les premiers Okinawaïens sont arrivés en 1905 comme ouvriers, on leur a donné une pelle et une pioche et on leur a dit, il faut couper la montagne. Ils se sont dit, +on n'est pas venus pour cela+. Ils avaient en tête l'image des travailleurs envoyés à Hawaï rentrés avec de l'argent après avoir exploité la canne à sucre. Mais là, c'était la mine", raconte Marie-José Michel, consul honoraire du Japon à Nouméa.
Une partie de ces Okinawaïens a déchanté et fui dans la brousse. "Ils se sont convertis en pêcheurs, agriculteurs et se sont installés sur toute la côte", ajoute Mme Michel, une descendante de troisième génération.
"Mes deux grands-pères étaient japonais et ma grand-mère maternelle ne cessait d'y faire allusion. Elle admirait le côté très serviable, travailleur, généreux des Japonais", confie-t-elle.
Le père de Marcelle, lui, a fait tous les métiers: coiffeur, maçon, menuisier, soudeur, pêcheur, commerçant, restaurateur, charpentier de marine.
Outre les quelque 800 immigrants d'Okinawa, la Nouvelle-Calédonie a accueilli entre 1892 et 1919 plus de 4.500 travailleurs nippons de Fukushima, Hiroshima, Kumamoto et d'autres provinces.
Mais à partir de 1914, ces Japonais ne pouvaient plus rentrer au pays: c'était la Première guerre mondiale, le franc (qui avait aussi cours en Nouvelle-Calédonie) était dévalué et il était honteux pour ces mineurs de rentrer sans argent. Ils se sont alors installés avec des femmes locales.
Las, 7 décembre 1941: les avions japonais attaquent la base américaine de Pearl Harbor, précipitant l'entrée des Etats-Unis dans la Deuxième guerre mondiale. La vie tranquille des Japonais de Nouvelle-Calédonie vire au cauchemar. Considérés comme des ennemis des alliés, les ressortissants du Japon sont arrêtés sur ordre du gouverneur Henri Sautot rallié à la France Libre. Les hommes et les rares familles entièrement nippones sont envoyés dans des camps australiens.
"Le trajet en bateau durait trois jours durant lesquels les détenus étaient fort maltraités par les soldats français", affirme l'historienne Yuriko Nagata qui précise: "mis à fond de cale dans l'obscurité totale, ils étaient contraints de dormir sur un sol de métal, n'étaient autorisés à monter sur le pont qu'une fois en tout, pendant 30 minutes".
Les femmes d'autres origines et enfants métis ont été laissés libres en Nouvelle-Calédonie, mais tous les biens japonais ont été séquestrés. L'attitude vis-à-vis des personnes d'origine nippone a changé du tout au tout. "Des parents d'élèves demandaient à l'instituteur que leur enfant ne soit plus assis à côté d'un descendant de Japonais, la boucherie ne servait plus les Japonais, etc.", raconte Mme Michel.
Malgré cette rupture et ces vexations, il a fallu se couler dans le moule calédonien et parfois changer de nom. "Quand mon père est allé à 14 ans demander du travail à un chef mécanicien, on lui a dit, +Takamoune, je pourrais te trouver un emploi, mais t'es d'origine japonaise alors faut que tu changes de nom, que tu prennes celui de ta mère+. Donc mon père s'appelle M. Takamoune dit René Chabaud! C'était un cas parmi tant d'autres", explique la consul.
Les Japonais de 2e génération ont grandi ainsi, tête baissée et sans mot dire, tout en ayant un profond sentiment d'origine japonaise. Puis ils ont compris, et leurs descendants encore davantage, qu'ils n'étaient pas coupables mais héritiers de cette histoire et qu'il fallait la transmettre pour avancer. "Nous avons vu nos parents souffrir. Nous avons pris cette souffrance et avons tenté de l'apaiser en recouvrant nos origines", justifie Mme Michel.
Pourtant, ces descendants de Japonais n'ont aucune connaissance de la langue nippone et ne savent pas grand chose de la vie de leurs ancêtres avant leur venue en Nouvelle-Calédonie. Quant aux proches de ces émigrés restés au Japon, ils ignoraient presque tout des pérégrinations de leur parent.
La Néo-Calédonienne Oto raconte ainsi comment son frère Félix a rencontré pour la première fois, au soir de sa vie, leur demi-soeur japonaise, née trois ans avant le départ de leur père commun pour les contrées françaises du Pacifique. "Je n'ai jamais su que mon père était mort noyé en Nouvelle-Calédonie. En 1928, il m'avait écrit +je suis là pour travailler, et l'argent que je vais rapporter, ce sera pour payer ton mariage+", a raconté cette demi-soeur nippone, restée sans nouvelle pendant trois quarts de siècle.
Marcelle eut plus de chance. Après avoir été interné en Australie et rapatrié de force au Japon à l'issue de la guerre, son père Zenjiro revint en Nouvelle-Calédonie en 1954. Il rouvrit l'hôtel-restaurant qu'il gérait autrefois, se convertit au catholicisme et décéda en 1980 à 91 ans, avant d'être décoré à titre posthume de l'Ordre du Trésor sacré par l'Empereur japonais.
Aujourd'hui, on dénombre entre 8.000 et 10.000 descendants de Japonais en Nouvelle-Calédonie, une communauté qui s'étend sur six générations.
"Les descendants des 5e et 6e générations savent qu'ils ont des antécédents japonais, et quand ils achètent un appareil électronique, ils choisissent une marque japonaise. Et puis les mangas nous aident", souligne Mme Michel, "car ils encouragent les enfants à apprendre le japonais. Ils sont intéressés par la culture nippone et ont très envie d'aller au Japon".
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