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par Karyn Nishimura-Poupée, correspondante AFP Japon, avec le mangaka japonais J.P.NISHI

Nintendo, coup de yen. Mario, coup de vieux?

Chronique hebdomadaire "Live Japon" sur Clubic.com, avec le mangaka Nishi

Publié par K. Poupée le Samedi 14 Août 2010, 20:35 dans la rubrique Technologies - Lu 2742 fois - Version imprimable

"Diantre, dans le rouge": l'auteur de ces lignes eut le 29 juillet la même réaction que tous les journalistes et analystes qui suivent régulièrement les activités des entreprises nippones. Toutes celles du secteur de l'électronique sont entrées dans une phase de reprise assez spectaculaire (à l'exception de NEC - voir Live Japon du 31 juillet). On n'avait dès lors pas de trop grosses inquiétudes pour le géant japonais du jeu vidéo Nintendo, lequel nous avait habitués depuis quelques années à des résultats mirobolants. Oh certes, on pensait bien que cela n'allait pas durer et on savait que la hausse de la devise japonaise (yen) lui causait quelques soucis, mais malgré cela, il était quand même l'un des rares à avoir passé la crise sans trop de dommages. Las, Nintendo n'est pas une entreprise comme les autres, sur plusieurs plans, et l'annonce de ses résultats financiers trimestriels l'a une fois encore prouvé.

La vénérable entreprise de Kyoto a fait état d'une perte nette de 25 milliards de yens (230 millions d'euros) pour les trois premier mois de l'année budgétaire d'avril 2010 à mars 2011, victime d'une chute des ventes et d'une rentabilité malmenée par les cours des monnaies. Pour autant, et de façon encore plus surprenante compte tenu de la médiocrité du trimestre passé, le groupe a maintenu ses prévisions annuelles.

Alors qu'il avait plutôt bien résisté à la récession internationale de 2008-2009, Nintendo subit actuellement un contre-coup dû aux soubresauts conjoncturels et à une certaine lassitude vis-à-vis de ses consoles, les possibilités de jouer s'élargissant par ailleurs à d'autres types d'appareils (téléphones mobiles notamment) jugés plus novateurs. Bref, Nintendo est un peu ringardisé et Mario prend un coup de vieux.

L'évolution de Mario selon Jean-Paul Nishi

L'évolution de Mario selon Jean-Paul Nishi

Pour relancer la dynamique, Nintendo a dû sabrer les prix de ses machines de poche DS, qui se sont très mal vendues ces derniers mois, en raison d'une baisse de l'engouement pour cette famille de produits. La DS LL (XL hors du Japon) ne fait pas vraiment recette. En trois mois, la maison-mère des Pokemon, de Zelda et consorts n'a vendu que 3,15 millions de DS de tous types dans le monde, soit près de deux fois moins qu'un an auparavant à la même époque. Et comme le prix de vente unitaire est moins élevé, forcément les revenus ont flanché, d'autant qu'ils ont été amputés par la chute de l'euro et du dollar face au yen une fois les recettes converties en monnaie japonaise. En outre, seulement 22,42 millions de boîtes de jeux estampillés Nintendo pour lesdites DS ont dans le même temps trouvé preneurs, soit 7 millions de moins que l'an passé à la même période. Le manque à gagner n'est pas mince. Sans compter que l'an passé déjà, Nintendo avait vu son chiffre d'affaires décliner. Comme au début de la précédente décennie, la stratégie de Nintendo est menacée et la maison va rapidement devoir trouver un nouveau plombier Mario pour stopper la fuite.

L'évolution de Mario selon Jean-Paul Nishi

L'évolution de Mario selon Jean-Paul Nishi

Notons cependant que les ventes de consoles de salon Wii se sont beaucoup mieux comportées (3,04 millions vendues entre avril et juin contre 2,23 un an plus tôt à pareille époque), mais la quantité de jeux dédiés à cette machine a fléchi. Au final les ventes de consoles et périphériques ont cédé quelque 25% en valeur sur un an, et celles de jeux ont abandonné dans le même temps à peu près autant.

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