En direct de Tokyo ...

par Karyn Nishimura-Poupée, correspondante AFP Japon, avec le mangaka japonais J.P.NISHI

Au hit-parade nippon des meilleurs produits du semestre...

... la high-tech cartonne

Publié par K. Poupée le Jeudi 22 Juin 2006, 19:53 dans la rubrique Consommation - Lu 5262 fois - Version imprimable

Les Japonais se qualifient eux-mêmes de "kaimono minzoku", c'est-à-dire de "civilisation des achats". Et c'est vrai que  les Nippons ont preuve d'un consumérisme pour le moins déconcertant. Les mauvaises langues osent même affirmer qu'à Tokyo il n'y a rien d'autre à faire que du shopping. C'est faux bien sûr, mais le lèche-vitrine n'en est pas moins un loisir très prisé, d'autant que les médias et autres « influenceurs » encouragent le phénomène.


Ainsi, tous les six mois, le quotidien du marketing, Nikkei MJ, publie-t-il le hit-parade des produits phares des six derniers mois écoulés, palmarès établi sur le modèle de classement des tournois de sumo, autrement appelé "banzuke".

Le " 2006 kamihanki hit-shouhin banzuke ", comprendre le hit-parade des meilleurs produits de janvier à juin 2006 a été proclamé ce mercredi 21 juin dans l'édition du jour du Nikkei MJ. Et comme d’habitude, il nous a  réservé  une floppée de surprises.

Le titre de "yokosuka"  pour c'est-à-dire la première place du podium , est revenu, pour la région de Tokyo, aux jeux d'entraînement des méninges, et, pour la région Ouest d'Osaka,  au best-seller Da Vinci Code.

C'est que ces produits sont de véritables phénomènes de société qui ne se limitent d'ailleurs pas aux frontières de l'archipel. La firme Nintendo, qui fut une des premières sur le créneau des jeux vidéos de cerveau a déjà écoulé quelques 4 millions de ses deux versions de "Brain training", jeux intelligents pour adultes d’âge mûr élaborés avec la complicité d'un professeur de neurologies. Ce succès inattendu auprès des quadragénaires et de leurs aînés a entraîné dans son sillage une palanquées de produits du même acabit censés retarder ou limiter l'apparition de symptômes liés à la neuro-dégénérescence.

Quant au Da Vinci Code, il cartonne partout, et le Japon, de tradition shintoïste et bouddhiste s'intéressant assez peu au mystères entourant Jésus et consorts, n'a pas  pour autant été épargné par le savant déluge promotionnel qui a entouré le bouquin de  Dan Brown et la super-production hollywoodienne qui s’ensuivit.

En deuxième  position  du « banzuke » se placent, dans la région de Tokyo, les téléphones portables pour enfants développés par le premier opérateur de services mobiles japonais NTT DoCoMo. L'engouement que ces produits suscite tient surtout à leurs fonctions de sécurité qui permettent notamment aux parents de suivre par localisation GPS les pérégrinations de leurs rejetons. Du cote d'Osaka, on leur a préferé les téléphones avec fonction carte de crédit à puce sans contact, une nouveauté également signée NTT DoCoMo.

Sur la troisième marche du podium, s'agglutinent d'un côté, à Tokyo, l'équipe de football du Japon pour la Coupe du Monde de football, et de l'autre la patineuse nippone qui s'est offert la médaille d'or de cette  discipline artistique lors des JO de Turin cet hiver.

Arrivent ensuite en quatrième position à Tokyo les nouvelles générations d'équipements électroménagers économes en énergie et en eau, dont les achats sont encouragés par le gouvernement.  Les judicieuses innovations technologiques qu'ils enferment permettent aux fabricants locaux (Matsushita, Toshiba, Hitachi ou Sanyo)d’en vanter le mérite, de les vendre cher, et de lutter ainsi intelligemment contre la concurrence à bas-prix bas de gamme venue des autres contrées d'Asie.  

Du cote d'Osaka, on a plébiscité  en quatrième position les mini-véhicules qui consomment moins de carburant et séduisent désormais un tiers des acquéreurs de nouvelles voitures.

Dans la suite du classement citons la percée de la nouvelle gamme de téléviseurs à écran à cristaux liquides (LCD) « Bravia » de Sony, ainsi que la télévision numérique terrestre (TNT) sur téléphones mobiles , répondant au nom commercial "One Seg" , lancée en avril sur l’archipel

 .

Cette dernière permet de transformer littéralement les téléphones portables compatibles en mini-téléviseurs  qu'il suffit d'allumer pour recevoir les émissions gratuitement en provenance du réseau hertzien de télévision, sans besoin de se connecter au réseau de téléphonie cellulaire. Le Japon a été le deuxième pays au monde après la Corée du Sud à lancer à grande échelle ce nouveau mode de diffusion qui n'en est pour le moment (juin 2006) qu'au stade des expérimentations locales en Europe, notamment en France.


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