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par Karyn Nishimura-Poupée, correspondante AFP Japon, avec le mangaka japonais J.P.NISHI

Au Japon, le haut-débit c'est dans les tuyaux...

...pas sur le compte en banque

Publié par K. Poupée le Lundi 19 Juin 2006, 01:58 dans la rubrique Technologies - Lu 4967 fois - Version imprimable

Cocorico. La France fait la course en tête en matière d'accès internet à haut-débit en Europe. Elle aurait tort de se priver de vanter cet exploit, étant donné le peu de raisons qu'elle a actuellement de s'enorgueillir par ailleurs. Hélas, si l'on prend comme pays de comparaison non pas les voisins européens mais le Japon, les prouesses françaises n'en sont plus, loin s'en faut. Car en matière de haut-débit, l'archipel est loin devant toutes les autres contrées tant en termes de vitesse, les plus élevées, que de prix, les plus bas.


La quasi-totalité des foyers nippons sont abonnés à internet, et  la moitié le sont par des technologies à haut-débit. Et quand on dit haut-débit, il ne s'agit pas d'un vulgaire ADSL à 1 ou 2 Megabits par seconde (Mbit/s) ni même à 20 Mbit/s, comme en France, dans le meilleur des cas,  mais à 50 Mbit/s voire à 100 Mbits/s pour ceux qui sont connectés par fibre optique directe au foyer, mode autrement appelé FTTH.

Sur environ 47 millions de foyers au Japon,  mi-2006, environ 16 millions ont souscrit à une offre ADSL et plus de 3 millions accèdent à internet en haut-débit par le câble. S'y ajoutent environ  5 millions de foyers qui sont abonnés par fibre optique directe.  Soit un total d'environ 24 millions de ménages connectés à haut-débit.

La progression de l'usage de la fibre se poursuit à un rythme d'autant plus soutenu que le service est de plus en plus souvent intégré dans les immeubles et compris dans les charges des loyers mensuels. Bref, lorsqu'on emménage, il n'y a qu'à connecter son ordinateur à la prise réseau et à l'allumer pour accéder à la toile, aussi bêtement qu'on connecte son téléviseur à la prise antenne pour recevoir les chaînes TV.  Même quand tel n'est pas le cas et qu'on doit s'acquitter d'un abonnement mensuel, mieux vaut la fibre FTTH que l'ADSL, vu le peu de différence de prix qui existe entre les deux offres. La fibre , 100 Mbits/s dans les deux sens, on vous le rappelle, se monnaye désormais à moins de 50 euros par mois, soit le tarif au megabit/s le moins cher du monde, selon l'Union internationale des Télécommunications.

Tests à l'appui, le FTTH, ça dépote. Et pas seulement en réception, mais aussi en émission, contrairement à l'ADSL qui a un débit d'autant plus faible dans le sens descendant qu'il est rapide dans l'autre. La fibre est donc idéale par exemple pour poster les "podcast" sur iTunes, ou envoyer des fichiers vidéos de 2 Go sur un espace de partage en ligne. Votre serviteur sait de quoi elle parle.

Le géant des télécoms nippon NTT, a récemment annoncé son intention de recruter 2,7 millions de nouveaux abonnés à internet par fibre optique entre avril 2006 et mars 2007. Il en a attiré 1,8 millions l'an passé, portant ainsi son total à fin mars 2006 à environ 3,6 millions de clients.


Selon les dernières études en date, le FTTH va détrôner assez rapidement l'ADSL au pays du Soleil-Levant.  A partir de 2007, le nombre de foyers abonnés à l'ADSL devrait même commencer à décroître au profit de la fibre. Car depuis le premier trimestre 2005,  chaque mois, le nombre de nouvelles souscriptions à internet en haut débit par fibre optique directe (FTTH) dépasse celui des nouveaux abonnements en mode ADSL,  selon le ministère des Télécommunications. Et près de la moitié des particuliers déjà abonnés à internet en haut-débit au Japon prévoient de changer de mode d'accès pour passer du câble ou de l'ADSL à la fibre optique,  selon une enquête du même ministère réalisée fin 2004.
La concurrence est telle que certains proposent même un PC gratuit à tout nouvel abonné qui s'engage pour un an, ou bien des iPod nano, ou des consoles de jeux PSP .  

Seule limite pour le moment concernant la fibre: elle n'est pas disponible absolument partout. Cela ne saurait durer. Car NTT prévoit d'investir des milliards de yens dans les prochaines années pour que la quasi-totalité des foyers soit  raccordés par fibre en 2010. Dans le même temps, il prévoit de doper aussi son coeur de réseau. 

Il s'est ainsi vanté le 13 juin 2006 d'avoir réussi, à titre expérimental, une transmission sur fibre optique à un débit de 40 gigabits par seconde (40.000 mégabits par seconde), ce qu'il revendique comme étant une première mondiale. Pas de raison de ne pas croire ce mastodonte étant donné ses précédents exploits en la matière.
NTT a expliqué dans un communiqué avoir réussi à atteindre un tel débit, grâce principalement à l'emploi d'une technologie de routage des données qui s'appuie sur la commutation par étiquettes, système baptisé GMPLS.

Selon cette norme, les informations sont transmises en étant divisées en paquets de données portant des en-têtes spécifiques très précises qui permettent au réseau de les orienter plus intelligemment qu'avec les actuelles méthodes de routage.

C'est de l'hébreux, bon OK, on arrête là pour la vulgfarisation techno un peu trop pointue, mais ce record battu par NTT permet au moins de prouver qu'en matière de télécommunications fixes et mobiles à haut-débit, les Japonais font bel et bien la course en tête.


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