En direct de Tokyo ...

par Karyn Nishimura-Poupée, correspondante AFP Japon, avec le mangaka japonais J.P.NISHI

En japonais aussi, "blog" se dit..."blog"

...mais on leur préfère les clubs SNS

Publié par K. Poupée le Lundi 26 Juin 2006, 01:10 dans la rubrique Faits de société - Lu 5596 fois - Version imprimable


Les Japonais ont beau être des avant-gardistes en matière de nouvelles technologies, ils sont moins doués quand il s'agit de nommer des nouveaux concepts d'un terme nippon.

A moins qu'ils ne trouvent tout simplement plus "chic" de reprendre un mot anglophone, ce en quoi ils ne se différencieraient guère des Français, au grand dam des Académiciens et d'un certain ministre dont on a presque oublié le nom, .... mais si voyons, M. Toubon. Passons.

Tout cela pour dire qu'en japonais aussi, "blog" se dit "blog", et que le phénomène y prend de l'ampleur comme partout ailleurs, du moins si l'on en croit les statistiques officielles.

Toutefois, aux "blogs" individuels où l'on étale souvent sa vie privée et ses réflexions personnelles au vu et au su de tout le monde et n'importe qui, les Japonais, eux, préfèrent les réseaux communautaires, autrement appelés, en anglais dans le texte, Social Network Services ou SNS.

Les SNS sont aux sites Web ce que les bars privés sont aux débits de boissons, on y est admis que sur présentation et invitation d'un membre, non sans avoir à donner son identité et des gages d'honnêteté à l'entrée. Mais pourquoi diantre les Japonais préfèrent-ils les cercles fermés des SNS aux sites et "blogs" ouverts de la toile: eh bien pour la bonne et simple raison que c'est plus sûr. On n'y croise que des gens connus, et pas des hordes d'emmerdeurs qui viennent là écrire n'importe quoi, faire leur propagande nauséabonde ou semer la pagaille d'une manière ou d''une autre. En clair, on est entre amis de bonne compagnie, et c'est rassurant.

De surcroît, pour les Japonais, chez qui perdurent quelques restes de culture confucéenne, la notion de groupe solidaire demeure importante, qui exige en retour de chaque individu membre d'importants efforts. On a tendance à considérer que pour faire partie du groupe, il faut le mériter. N'entre donc pas qui veut. Notez toutefois que le fait que ces réseaux soient réservés à des visiteurs choisis, ne signifie pas qu'on y trouve pas l'équivalent de blogs "journaux intimes" ou autres types de sites personnels. Simplement, tout le monde ne peut pas venir les lire, seulement ceux que l'auteur a conviés

Les sites communautaires SNS fermés totalisaient ainsi mi-2006, environ 7 millions de membres au Japon, c'est-à-dire 7 fois plus qu'un an plus tôt, selon les statistiques du ministère nippon des télécommunications. Rappelons que le Japon compte 127 millions d'âmes, dont grosso modo un quart de vieux, et un cinquième d'enfants.

La plus importante plate-forme de réunions de tribus dans les SNS est exploitée par la firme Mixi, née en février 2002. A elle seule, elle comptait mi-2006 plus de 4,5 millions de membres inscrits, tous sur invitation bien sûr, et des milliers de sites, c'est-à-dire autant de clubs fermés. Le nombre de membres privilégiés de Mixi grossit au rythme impressionnant d'environ 15.000 par jour.

Viennent ensuite dans le business du SNS, les géants opportunistes de l'Internet nippon, Yahoo Japon et la galerie commerciale virtuelle Rakuten, qui ont fait leur entrée sur ce créneau porteur en mars 2006, en espérant à termes rafler la mise.

Comme on pouvait s'en douter, le rapace américain Microsoft, toujours en retard mais non moins affamé et vorace, prévoit également de venir bouffer une grosse partie du gâteau SNS japonais.

La plupart des adeptes nippons des SNS, si l'on en croit Mixi, ont entre 20 et 30 ans. Selon la société de classement NetRatings Japon, ils passent en moyenne 3 heures 54 minutes par mois dans les clubs où ils sont acceptés, soit, un temps plus long que sur les traditionnels "blogs".

On trouve sur Mixi des choses, il est vrai tout-à-fait intéressantes, comme un outil qui permet de présenter à ses amis, et de leur faire écouter, des musiques, grâce à une technologie développée par une petite société baptisée Glucose.

C'est très malin, puisque le logiciel en question, baptisé "Mixi Station", permet aux amis d'écouter les titres recommandés par l'auteur du site, sans téléchargement, et de les acheter sur les plates-formes iTunes ou Amazon par un simple clic. Bref, c'est une machine à bouche-à-oreille redoutablement efficace.

Le phénomène du SNS devient si populaire sur l'archipel que des entreprises commencent à proposer des plates-formes internes pour leur salariés. C'est notamment le cas chez NTT Data, filiale du géant des télécoms NTT. Deux mois après l'ouverture du service en mars 2006, plus de 40% des ouailles de cette société s'y étaient mises, soit environ 3.600 personnes. Le SNS de NTT Data ne s'est pas pour autan transformé en QG de fomentation de grèves et autres révoltes syndicales, on est au Japon on vous le rappelle, mais en lieu de discussion sur les loisirs ou autres thèmes bon enfant et totalement inoffensifs pour l'entreprise.

Nous est avis que d'autres entreprises vont suivre et qu'on sera de fait amenés à vous en reparler.


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Commentaires

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En direct de Tokyo : "En japonais aussi, “blog” se dit…”blog”"

anonyme - 31.05.07 à 16:44 - # - Répondre -

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