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par Karyn Nishimura-Poupée, correspondante AFP Japon, avec le mangaka japonais J.P.NISHI

Japon: la deuxième génération de mobiles est enterrée...

...et la troisième déjà presque dépassée

Publié par K. Poupée le Mercredi 12 Juillet 2006, 18:04 dans la rubrique Technologies - Lu 6067 fois - Version imprimable






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C'est dingue, dès que l'on cesse ici de parler de gadgets, d'innovations high-tech, de la vie sexuelle des Japonaises, de jeux vidéos ou d'Hello Kitty pour s'intéresser à des sujets moins triviaux comme l'économie ou les querelles diplomatiques entre le Japon et ses voisins nord-Coréens (qui s'amusent à lancer des missiles balistiques vers l'archipel, quand même ce n'est pas rien), eh bien on constate immédiatement une chute vertigineuse d'audience.
C'est déplorable, mais on se console en se disant qu'hélas, c'est la loi du genre.
Alors, on va s'y plier (pas trop néanmoins, on est tenace), en vous parlant aujourd'hui d'un sujet qui fera sans doute davantage recette que les missiles de Kim (un vrai flop), les téléphones portables nippons ou "keitai denwa" en langue locale.




L'association des fabricants de produits électroniques nippone, connue sous l'acronyme JEITA, a en effet annoncé ce mercredi 12 juillet 2006, les chiffres de livraisons de mobiles dans les rayons au mois de mai. Et une fois de plus, ils sont bons. Pour le neuvième mois de suite, ils surpassent ceux de la même période de 2005. Quelque 3,84 millions de terminaux ont été mis en rayon en mai dernier, ce qui représente une progression de 16% sur un an.


Cette croissance des ventes s'explique par un engouement massif pour les modèles de troisième génération, selon la JEITA, qui ne cesse d'ailleurs de s'en féliciter. En effet, sur ces 3,84 millions de terminaux, pas mois de 3,18 millions, c'est-à-dire plus de quatre sur cinq, sont des modèles de 3ème génération. Pour le quatrième mois d'affilée, le nombre d'appareils de ce type écoulés en quatre semaines a dépassé la barre des 3 millions d'unités.


Pris sous un autre angle, disons que la deuxième génération ou 2G, au Japon, ça eut payé, mais ça ne paye plus. Exit, fini, aux oubliettes. En un an, les ventes de ces produits jugés dépassés ont déjà chuté de plus de 50%, et elles ne vont cesser de s'effondrer, faute de nouveauté.


Le premier opérateur japonais, NTT DoCoMo ne développe plus de modèles 2G depuis déjà un an. Bilan, pour avoir des produits innovants, les clients n'ont guère le choix, il faut passer à la 3G, et même à la 3,5G, une norme au débit 10 fois plus rapide lancée en juin. . Et ils le font en masse d'ailleurs comme le prouvent les chiffres d'abonnement.


En juin, le Japon comptait quelque 97,64 millions d'abonnés à un service de téléphonie mobile pour une population de 127 millions d'âmes.

Parmi eux, 52,76 millions avaient déjà opté pour la 3G, c'est-à-dire plus de 54%.


Le mois de juin a même marqué une étape de transition importante, puisque c'est au cours de cette période que le même NTT DoCoMo, qui totalise 52 millions de clients, a vu son nombre d'utilisateurs de terminaux 3G passer devant celui des abonnés à la deuxième génération.
Tous les mois, ce sont près d'un million de ses souscripteurs qui migrent vers la 3G.

Quant au numéro deux, KDDI, il fait proportionnellement encore mieux puisque la quasi-intégralité de ses clients sont abonnés à la troisième génération, soit quand même la bagatelle de 22,83 millions d'individus.



Seul Vodafone Japon, qui n'a longtemps rien compris au marché japonais avant d'être racheté cette année pas le groupe gérant de Yahoo Japon, Softbank, demeure à la traîne. Il ne compte en effet que 3,72 millions d'utilisateurs 3G sur 15,24 millions de clients, c'est-à-dire moins de 25%.



Mais pourquoi diable les Japonais et Japonaises sont-ils à ce point attirés par la 3G?



 

Eh bien parce qu'ils aiment la high-tech, le flambant neuf, l'ultra-sophistiqué et que le téléphone portable 3G est l'incarnation même de tout cela.

 

Peu leur importe que les terminaux nippons soient jugés gros par les Européens, pourvu qu'ils donnent accès à des milliers de sites Web, permettent de faire du shopping en ligne, de jouer en Bourse, d'échanger des e-mails de 5.000 ou 10.000 caractères accompagnés de photos de 2 millions de pixels, qu'ils aient une mémoire de plusieurs gigaoctets pour télécharger, stocker et écouter des musiques, qu'ils fassent office de radio ou de télé, et servent de ticket de métro ou de porte-monnaie électronique... on en passe et des meilleurs.

On ne va pas vous détailler aujourd'hui toutes les fonctions que l'on trouve dans les téléphones nippons, et qu'on risque d'attendre encore longtemps en France, car on aura de nombreuses occasions d'y revenir. Patience.



Pour appêter les clients qui claquent en moyenne plus de 50 euros dans leur abonnement mobile chaque mois (sans compter les achats effectués en sus), les opérateurs ne cessent donc de proposer des nouveaux modèles sur le marché, en soignant autant le marketing et le design que les fonctions.




Il faut savoir en effet qu'au Japon, ce ne sont pas les fabricants de terminaux qui lancent eux-mêmes leur produits sous leur propre marque, mais les opérateurs sous la leur. Les téléphones sont donc bridés et exclusifs, et le plus souvent ciblés sur une clientèle précise, avec l'argumentaire allant de pair.



Exemple, la semaine dernière, le numéro un, NTT DoCoMo, a mis en vente une nouvelle série, la 702iS, prioritairement conçue pour les filles.

Pas moins de cinq nouveaux appareils tous plus "kawaï" (mignons) les uns que les autres. Et ce n'est pas parce qu'ils s'adressent à la gent féminine qu'ils sont dépourvus de fonctions techniques complexes, au contraire. Les Japonaises sont en effet, et on les en félicite, aussi technophiles que les mecs, surtout quand il s'agit de téléphones.


D'ailleurs, les opérateurs le savent qui ne font jamais l'impasse sur cette cible lucrative et avant-gardiste qui est très friande des échanges de mails ou des achats en ligne.





Willcom, un autre acteur de la téléphonie mobile nippone, dix fois plus petit que NTT DoCoMo, mais très malin et inventif, ne s'y est pas trompé non plus qui a dans le même temps annoncé un téléphone/PDA hybride tout mignon et high-tech à souhait susceptible également de plaire aux filles. Il s'agit le WZero3 Es, une petite merveille signée Sharp.




On arrête là pour aujourd'hui, mais promis, on vous fera de temps en temps un petit résumé des nouveautés mobiles qui déboulent sur le marché nippon, histoire de vous faire saliver et surtout de faire grimper en flêche la courbe d'audience de ce blog podcast.

 


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