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par Karyn Nishimura-Poupée, correspondante AFP Japon, avec le mangaka japonais J.P.NISHI

Dans les poubelles de la Bourse de Tokyo

Les élites donnent des leçons de vertu financière, mais mettent les doigts dans le pot de confiture

Publié par K. Poupée le Mercredi 14 Juin 2006, 00:11 dans la rubrique économie - Lu 4820 fois - Version imprimable

La Bourse de Tokyo dévisse de 614,41 points, sur fond d'inquiétudes aux Etats-Unis et de scandale à la banque centrale nippone


Le Japon est un pays ou la petite délinquance est quasi-inexistante, mais où a contrario la corruption et les scandales en haut-lieu alimentent fréquemment la une des médias.

Dernier épisode en date, les révélations du gouverneur de la banque centrale nippone, Toshihiko Fukui, sur ses investissements personnels hasardeux.

L'homme,  nommé en 2003 à la tête de la vénérable institution nippone chargée de dicter la politique monétaire du pays, a avoué devant un parterre de parlementaires médusés, en réponse à une question de l’un deux, avoir investi en 1999 quelques dix millions de yens (environ 70.000 euros) dans un fonds d'investissements dont le gérant-fondateur, Toshiaki Murakami, est aujourd'hui sous les verrous. Ce dernier est supçonné de délit d'initié dans un retentissant scandale de malversations financières touchant un des symboles de la nouvelle économie, le portail internet Livedoor. Cette énieme épisode de la saga puante de Livedoor, laquelle a coïncidé avec une série de bourdes à la Bourse, tombe mal.  Il risque en effet de miner la confiance des Japonais dans leurs institutions et leurs dirigeants, puisqu'elle ruine leur crédibilité alors même que leur rôle est de montrer la voie en termes de bonne gestion.

On croyait enterrée les mauvaises pratiques qui à la fin des années 80, en pleine euphorie immobilière, avaient fait sombrer les banques dans les affres des créances douteuses, et plongé le pays dans une décennie économiquement noire.

Il serait dommage que l'archipel, qui vient de redresser la barre grâce aux efforts, parfois douloureux, de ses entreprises et salariés, se retrouve embarqué à son corps défendant dans une cohorte de scandales. Au risque que ces derniers finissent par miner le moral récemment requinqué de la population par dépit devant les fautes et le manque d'éthique de ses élites. La chose serait d’autant plus déplorable dans ce pays où la plupart des petites gens s'évertuent à respecter les plus minimes règles de bienséance et de probité.

L'inquiétude réside dans le fait que les années sombres ne sont pas si loin, et qu’en conséquence, toutes les erreurs passées n'ont peut-être pas été déterrées.  La chasse aux esclandres dont se régalent les medias, et les révélations qui s’ensuivent, est d’autant plus vive que se profilent des échéances électorales (succession du Premier Ministre Koizumi en septembre).

Pour couronner le tout, la Bourse s’est effondrée de plus de 4% points mardi 13 juin 2006, endurant sa plus rude chute en nombre de points, plus de 614 points, depuis le lendemain des attentats du 11 septembre 2001 où elle avait dévissé de 682 points. Certes, les révélations du gouverneur de la banque centrale ne sont pas la principale cause de cette dégringolade, les craintes d’un resserrement de la poltique monétaire américaine ont davantage pesé, mais elles n’ont rien arrangé. Les investisseurs ont le moral en berne, et auraient aimé des signaux qui puissent leur donner un peu confiance. Pas de bol.

 


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