Violence au Japon: réaction de Jean-François Sabouret
après le débat Zemmour/Domenach le 16 mai 2014 sur itélé
Après le débat sur itélé le 16 mai à propos de la violence au Japon entre les deux chroniqueurs médiatiques Eric Zemmour et Nicolas Domenach, le japonisant et spécialiste de la société japonaise Jean-François Sabouret (cité par M. Domenach) a souhaité réagir. Voici le texte qu'il nous a adessé.
J'avais reçu un appel téléphonique de Nicolas Domenach qui souhaitait recevoir quelques informations sur la violence au Japon.
Par exemple à la question " y a t-il de la délinquance au Japon? " je réponds par l'affirmative, sinon comment expliquer la police, la prison, les contrôles souvent assez tatillons sur les individus.
Oui au Japon il y a des assassinats et des vols mais la violence à laquelle je pensais est celle de la grande délinquance, laquelle joue en quelque sorte un élément de contrôle sur la petite et moyenne délinquance. La grande délinquance c'est celle des groupes violents des Yakuza qui malgré une loi datant de plus de 20 ans, sont toujours présents et actifs mais moins visibles. La grande délinquance contrôle les quartiers chauds où les citoyens ordinaires vont se détendre le soir. Les commerces sont possédés ou contrôlées par l'un ou l’autre des trois grands groupes mafieux du Japon. Ils ont donc intérêt à ce que le citoyen ordinaire qui est alors « un client » soit le plus décontracté possible pour venir dépenser son argent.
Certains font le parallèle avec Marseille, dit-on, où jadis la grand délinquance, celle des familles mafieuses, contrôlait la ville et où les gens ordinaires n’étaient pas inquiétés. Je ne me prononcerai pas sur cette période prétendument idyllique où la sécurité était assurée aussi par la mafia dans la cité phocéenne.
La violence reste la violence, se situe hors la loi, et de ce point de vue doit être combattue et la police joue son rôle.
Mais au Japon, il y a une grande tradition, où les « gangsters du temps jadis » à l’époque d’Edo, contrôlaient les quartiers de plaisir dont le plus célèbre à Edo (Tôkyô aujourd’hui) était Yoshiwara à Asakusa. Dans ces quartiers où il y avait des femmes, de l’alcool, de la musique, de la danse, du théâtre…il y avait peu de violence qui frappaient les individus ordinaires … pour peu qu’ils aient les moyens de payer les services tarifés.
Il y a sans doute une continuité entre cette grande délinquance du temps jadis et celle actuelle.
Tout cela pour dire quoi ? Que la société japonaise ordinaire, quotidienne est paisible : il n’y presque pas de vols à l’arraché, beaucoup moins d’assassinat, les quartiers de détente où la soupape sociale peut se libérer un peu est contrôlée par les yakuzas qui sont aussi et de plus en plus des hommes d’affaires, qui se plaignent souvent de la violence des yakuzas chinois qui prennent pied au Japon et introduisent d’une manière significative « de la drogue et des filles ».
Mais, encore une fois, la vie ordinaire japonaise est paisible à n’importe quelle heure de la journée et presque de la nuit. Un séjour d’une semaine au Japon permet à quiconque de s’en convaincre.
Ai-je été pris une fois, dans une manifestation violente ? Oui une fois mais c’était il y a trente ans environ à l’époque des fameux groupes de bôsôzoku qui, en moto, pouvaient investir une place avec chaînes, nunchaku et couteaux, semaient la peur durant de longues minutes. Dans ces cas là, l’instinct de survie commande de se faire le plus transparent possible. Cela m’est arrivé une fois, et par hasard, à Takadanobaba : mauvais endroit, mauvais moment. Les bruits des motos customisées à l’échappement libre et des hordes de jeunes menaçants font de toute personne une cible idéale. Puis sur l’ordre du chef, ils partent aussi vite qu’ils sont venus.
Mais on ne peut pas dire sur la base d’un seul exemple, assez ancien déjà, que la rue japonaise est inquiétante.
Pour expliquer la paix dans les grandes concentrations urbaines comme la mégalopole de Tôkyô et de ses satellites (plus de 40 millions d’habitants), il faudrait aborder la question du respect de l’espace public qui commence dès l’école primaire quand les enfants d’une classe font tous les soirs le ménage eux-mêmes (balayage de la salle, nettoyage des toilettes, lavabos, tableau …). Le respect de l’espace commun commence là (pas de papiers, de mégots de cigarette, de déjections animales, de chewing-gum collés au sol, de mobiliers urbains vandalisés ou tagués). L’espace public est un bien commun, pas un repoussoir, pas une jungle. Le métro de Tôkyô est sûr et propre.
Pourtant la violence existe au Japon. Celle que je connais bien se joue dans les écoles et les collèges. Ce sont les fameux phénomènes d’Ijime, de souffre-douleurs, qui explosent durant la seconde année de collège (14 ans). Ce sont des Japonais qui font souffrir d’autres enfants japonais, qui les battent, leurs font subir diverses sévices, les rackettent souvent. La vie est un enfer pour celui qui en est victime. Cette violence, qui est un phénomène social de premier plan met bien en relief les frustrations des jeunes Japonais . Pas besoin d’aller en chercher la cause chez des immigrés mal intégrés qui menaceraient et défieraient l’ensemble de l’édifice social. Les causes de cette violence sont peut-être à chercher ailleurs chez une jeunesse totalement japonaise, qui comprend au moment de la puberté, de l’adolescence et de l’orientation scolaire, que les enjeux sociaux sont déjà joués… ou presque, et qu’il est vain de penser à une seconde chance.
La puberté et le système scolaire orienté vers le classement et la compétition sont un mélange explosif qui n’est pas lié à l’immigration.
Il faudrait toujours pouvoir être son propre porte-parole et dire, par exemple, que la France avec son immigration et toutes ses couleurs est belle et ; à terme , qu’elle sera gagnante.
Il y a des problèmes certes, comment le nier ? Mais on ne peut appliquer à une France continentale bordée par six autres pays la pratique supposée d’un pays insulaire à 300 kilomètres de la Corée et 1500 de la Chine.
La construction « d’une grande muraille de camenbert » en France aurait peu d’effet : celle de pierre n’a pas empêché les Mongols de s’installer en Chine.
Il faut intégrer et non bouter hors du pays des personnes dont les descendants au terme de deux ou trois générations défendent avec ardeur ce pays devenu le leur. Ce ne sont pas Messieurs Sarkozy ou Valls qui diront le contraire.
Les Japonais d’ailleurs vont devoir faire appel à des travailleurs immigrés pour faire face, entre autre, à la reconstruction du Tôhoku (région du nord-est dévastée par le tsunami du 11 mars 2011), la préparation de la coupe du monde de Rugby, celle des jeux olympiques et la réinstallation d’entreprises japonaises qui avaient été délocalisées à l’époque de la bulle économique des années 80. Bien sûr les Japonais espèrent mettre en place « une immigration contrôlée » avec des contrats de trois ans.
On verra, à l’usage, si le plan fonctionne bien…
Jean-François Sabouret
Le débat: http://www.itele.fr/magazines/ca-se-dispute-zemmour-domenach/le-japon-terre-dharmonie-ou-de-violence-16-82747
Un article sur le site d'Arrêt sur images:
http://www.arretsurimages.net/breves/2014-05-20/Japon-delinquance-les-editorialistes-et-la-correspondante-id17455
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Interview de Kazuto Tatsuta, mangaka-ouvrier de Fukushima Daiichi
la vie des travailleurs de la centrale en manga
Il porte un nom d'emprunt, cache presque son visage, mais ses dessins, eux, sont très visibles et remarqués: Kazuto Tatsuta est l'auteur de "ichi-efu", un manga sur la centrale accidentée de Fukushima où il a passé six mois.
"Je voudrais juste laisser un témoignage", dit modestement ce mangaka, tout en ne lâchant pas le fin pinceau avec lequel il passe en couleur une de ses planches, dessinée sur du "washi", le papier japonais.
"Après l'université, j'ai fait des tas de boulots, dont dessinateur", raconte-t-il dans son petit atelier/appartement, en banlieue de Tokyo.
"Le travail de mangaka ne me nourrissait pas, donc je faisais d'autres choses à côté. Finalement, juste avant le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, je ne dessinais quasiment plus, j'étais devenu un banal employé".
"Après l'accident de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, j'ai eu envie d'agir. J'ai quitté ma société, je me suis adressé à l'agence publique de recherche d'emploi, et j'ai été engagé pour travailler à +ichi-efu+" (le surnom du complexe atomique, que l'on prononce "Itchi F" en japonais).
"Je n'y suis pas allé dans le but d'en faire un manga, mais comme il y avait sur place de la matière intéressante, je me suis dis, pourquoi pas, ça vaut le coup de laisser une trace de ce qu'il s'est passé à l'intérieur. J'ai pensé que cela pouvait avoir une valeur. Pour autant, je ne le fais pas non plus avec l'état d'esprit que pourrait avoir un journaliste. En fait, je veux surtout raconter qui et comment sont les gars à l'intérieur".
"Je ne suis pas satisfait des informations dans la presse, qui sont trop souvent subjectives", s'excuse-t-il presque.
"Comme je le montre dans le manga, les travailleurs de Fukushima sont des gens tout à fait normaux et ordinaires, qui rient beaucoup et blaguent sans arrêt. Ce n'est pas l'enfer permanent, même si le travail est dur. Et les travaux à l'intérieur avancent, contrairement à ce qu'on peut lire ici et là".
- 'Même mes parents ne savaient pas' -
"J'ai passé six mois en 2012 à ichi-efu et n'ai commencé à dessiner qu'ensuite".
Contrairement à de nombreux mangaka, Tatsuta travaille seul, sans assistant, et tout à la main: l'esquisse au crayon à papier puis l'encrage au pinceau. "Je n'utilise pas du tout de plume ni d'ordinateur", assure-t-il.
"Je dessine sur la base de mes souvenirs, de ce que j'ai vu. J'utilise aussi des photos officielles que la compagnie Tepco fournit à la presse. J'en prends parfois quelques unes dans les salles de repos par exemple".
Le premier épisode, de 37 pages, a été honoré d'un prix de nouvel auteur par Morning, un illustre hebdomadaire de mangas de la maison d'édition Kodansha, qui a vite décidé de ne pas en rester là.
"Ichi-efu" est désormais publié en feuilleton de 24 pages à un rythme à peu près mensuel. Le premier recueil compilant les premiers épisodes sortira fin avril au Japon. "Je suis heureux, c'est assez fou", sourit Tatsuta.
"Ce premier tome n'est pas encore disponible, mais les commandes affluent des librairies, à un rythme dix fois plus élevé que d'habitude pour un premier manga d'un auteur peu connu", explique Kenichiro Shinohara, de la rédaction de Morning.
Et de préciser: "parce que le sujet est Fukushima, le public dépasse celui des traditionnels lecteurs de mangas. C'est un document qui s'appuie sur une expérience rare qui n'est pas accessible à tout un chacun".
Même l'ex-Premier ministre de droite Junichiro Koizumi, devenu un virulent antinucléaire depuis l'accident de Fukushima, est un lecteur assidu de "ichi-efu", selon M. Shinohara.
Tatsuta dit avoir accumulé de quoi aller jusqu'au deuxième tome. Mais pour pouvoir poursuivre plus loin la série, il n'y a qu'une solution: retourner travailler à la centrale. "Je le veux", confie-t-il.
"Je ne pense pas que les responsables de Tepco m'aient identifié, j'ai travaillé sous mon vrai nom, mais s'ils veulent vraiment savoir qui est Tatsuta l'auteur de +ichi-efu+, ils n'auront peut-être pas tant de mal à trouver".
"Les gars qui étaient à +ichi-efu+ avec moi en 2012, eux ont deviné", même si je n'ai jamais rien esquissé devant eux.
"Jusqu'à ce que je publie, même mes parents ne savaient pas que j'étais allé à la centrale de Fukushima, ils auraient eu trop peur".
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Des robots et des homes robotisés
Chronique Live Japon, illustrée par le mangaka J.P. Nishi
C'était une erreur, c'est certain. Ce point étant clarifié, il n'en reste pas moins que les fabricants nippons de robots, industriels essentiellement, continuent de nous étonner avec des créatures de plus en plus rapides, intelligentes et précises. Et puis, davantage encore que pour les robots androïdes dont on parle beaucoup mais que l'on voit peu, les Japonais utilisent de plus en plus ces technologies robotiques afin de développer des exosquelettes et appareils pour accompagner les hommes dans la vie quotidienne, notamment pour soutenir les personnes âgées.
La suite sur Clubic.com : Live Japon : des robots et des hommes robotisés http://www.clubic.com/humour-informatique-geek/live-japon/actualite-600010-live-japon-robots.html#ixzz2kIDaKYHX
Informatique et high tech
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La voiture autonome
Chronique hebdomadaire Live Japon illustrée par le mangaka J.P. Nishi
Après la voiture automatique, celle dont les vitesses se passent toutes seules, puis la voiture électrique qui se passe d'essence, voici l'ère de la voiture électro-autonome, celle qui n'a ni besoin de carburant, ni de conducteur. Ce véhicule, dont Clubic vous a déjà présenté quelques caractéristiques cette semaine, était une des vedettes du salon Ceatec de Tokyo, mais c'est surtout un vieux rêve de techniciens japonais qui pourrait se concrétiser tout prochainement.
Les piétons sont même presque impatients d'en croiser.
« La voiture autonome est surtout pensée comme un soutien au conducteur », explique le chercheur en chef de ce projet chez Nissan, Hideaki Inoue, un vétéran du secteur
« Nous avons développé cette voiture ces trois dernières années, mais cela fait 30 ans que nous menons des recherches sur les véhicules autonomes, autant dire pour moi depuis toujours », raconte ce spécialiste qui se montre somme toute plutôt modeste dans ses ambitions puisque son but n'est, dit-il, pas de rendre la voiture totalement autonome.
La suite sur Clubic.com : Live Japon : La voiture autonome http://www.clubic.com/humour-informatique-geek/live-japon/actualite-590266-live-japon-voiture-autonome.html#ixzz2grO8KPX8
Informatique et high tech
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Au patrimoine technologique japonais en 2013
Parmi les objets enregistrés, J.P. Nishi a fait son choix, en n'hésitant pas à puiser dans les années précédentes (le premier Walkman de Sony est entré dans cette liste de moins de 150 objets en 2012).
Cette année, 22 objets (du numéro 114 au numéro 135) ont été sélectionnés par les scientifiques japonais comme éléments majeurs de l'histoire technique et industrielle du Japon. Nous en avons retenu quelques uns qui sont directement liés aux technologies abordées sur Clubic et sont souvent les précurseurs des produits régulièrement présentés sur ce site.
La suite sur Clubic.com : Live Japon : au patrimoine technologique japonais en 2013 http://www.clubic.com/humour-informatique-geek/live-japon/actualite-588402-live-japon-patrimoine-technologique-japonais-2013.htm
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L'affaire des dessins de Fukushima par Cabu dans le Canard Enchaîné
vue par le mangaka J.P. NISHI
Tokyo a remporté la semaine dernière l'organisation des jeux Olympiques de 2020, une occasion pour l'archipel de s'afficher sur la scène internationale. En attendant, cette victoire a pourtant coûté aux Nippons une volée de critiques sur la façon dont le Premier ministre Shinzo Abe a présenté au Comité international olympique (CIO) la situation à la centrale accidentée de Fukushima.
Un dessin de Cabu dans le Canard Enchaîné a... déchaîné le gouvernement japonais, mis en colère des internautes et donné un os à ronger à la presse. J.P. Nishi résume l'embrouille :
Lire aussi l'article d'analyse écrit pour l'Agence France-Presse le 13 septembre 2013: http://tokyo.viabloga.com/news/pourquoi-au-japon-on-ne-rit-pas-des-effets-de-fukushima
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Pourquoi au Japon on ne rit pas des effets de Fukushima
(AFP 13 septembre 2013 - Karyn Poupée)
Insultes d'internautes, stupeur de la presse, protestation du gouvernement: des Japonais ont été outrés par des dessins parus dans Le Canard Enchaîné sur les effets de l'accident atomique de Fukushima, un motif de discrimination sur lequel beaucoup ne plaisantent pas.
"A mort ! C'est de la merde !", "c'est de la discrimination, du graffiti du plus bas niveau humain qu'il soit", "la France, un pays détestable de dernier rang", "si c'est le mode d'expression habituel en France, c'est déplorable": les phrases haineuses ont fusé sur internet lorsque des Nippons ont découvert dans leurs journaux deux caricatures publiées cette semaine dans Le Canard Enchaîné.
"Les Japonais ne comprennent pas la liberté d'expression. Ici, les propos injurieux sont possibles, pas la satire à l'occidentale", tranche un Japonais francophile, Ken Itagaki de Nagasaki.
"Encore les médias français!", a pour sa part titré le journal populaire de centre gauche Mainichi Shimbun au-dessus des deux caricatures incriminées, faisant référence à un incident du même acabit survenu il y a un an lorsque l'animateur de télévision Laurent Ruquier avait parlé de "l'effet Fukushima" en montrant un photo-montage du gardien de but de l'équipe japonaise de football, Eiji Kawashima, avec quatre bras.
Cette fois, le dessin qui a le plus indigné est signé Cabu. Accompagnant un article très factuel sur les problèmes d'eau radioactive à la centrale ravagée, il montre deux lutteurs émaciés coiffés d'un chignon, dont un avec trois jambes et l'autre trois bras, et un commentateur sportif disant: "Marvellous, grâce à Fukushima, le sumo est devenu discipline olympique".
"Ce genre de caricatures blesse les sinistrés de la catastrophe du 11 mars 2011 et véhicule des informations fausses sur le problème de l'eau radioactive à la centrale Fukushima Daiichi. C'est extrêmement regrettable", a réagi le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d'un point de presse, avant d'ordonner à l'Ambassade du Japon à Paris protester officiellement auprès du Canard.
"Au Japon, cette image est prise pour de la discrimination à l'égard des personnes qui ont subi les radiations et qui sont sur le dessin présentées comme étant différentes des autres, avec trois bras ou trois jambes", explique un dessinateur nippon de manga. "Or, il faut savoir que des gens de Fukushima subissent déjà une forme de ségrégation au Japon."
"Si, au lieu de sumotori déformés, il s'était agi d'un dessin caricaturant le Premier ministre ou le porte-parole du gouvernement, cela n'aurait posé aucun problème", ajoute-t-il.
Qui plus est, le sujet des effets de la radioactité est d'autant plus sensible qu'il touche aussi les victimes des bombes atomiques américaines larguées sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945.
Sans compter que "la plupart des Japonais ignorent quel type de publication est Le Canard Enchaîné", souligne Kazuya Onaka, professeur des études françaises et européennes à l'Université Hosei.
"Il n'y a pas dans le paysage médiatique japonais ce type de journal qui accorde une place aussi importante à la caricature", justifie-t-il.
"Le problème, c'est que les journaux nippons n'ont pas traduit l'article et se sont contentés de publier le dessin sans les éléments de contexte indispensables à sa compréhension, tandis que le gouvernement essaie d'effacer tout ce qui est négatif au sujet de Fukushima ou des JO. Du coup, il a surréagi."
L'hedomadaire français, lui, "assume ces dessins sans le moindre état d'âme", selon une déclaration à l'AFP de Louis-Marie Horeau, son rédacteur en chef.
"En France, on peut traiter une tragédie par l'humour, apparemment, ce n'est pas le cas au Japon", a-t-il déploré.
Et de renvoyer la responsabilité aux autorités nippones: "s'il y a matière à s'indigner, c'est de la manière dont a été gérée la crise par le gouvernement japonais".
"La France et le Japon doivent comprendre mutuellement le fossé culturel qui les sépare", conclu un anonyme sur son blog.
Voir aussi à ce sujet le manga de J.P. NISHI: http://tokyo.viabloga.com/news/l-affaire-des-dessins-de-fukushima-par-cabu-dans-le-canard-enchaine
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